Intervention en Conseil Municipal du 9 décembre 2021, à l’occasion du Débat d’Orientations Budgétaires 2022 —
Je ne discuterais pas sur le fait que vos orientations budgétaires tournent essentiellement autour d’une poignée de projets d’investissements, sans décrire de réelle politique générale et de moyens alloués dans chaque domaine de la vie municipale. Sur ce plan-là, c’est plutôt pauvre en orientations !
Par contre, je suis satisfait que cette fois-ci vous ayez ajouté un Programme Pluriannuel d’Investissements. Je vous l’avais demandé l’année dernière ; vous l’avez fait cette année. Au moins, cela présente clairement les grands postes d’investissements sur la durée du mandat.
Un Plan Pluriannuel d’Investissements qui, bien sûr, soulève des réflexions, pour certaines mineures, comme le fait que pratiquement 20% de l’ensemble de vos investissements prévisionnels sont programmés en 2026, année d’élections municipales au mois de… mars. Mais passons.
Car beaucoup plus important, nous y voyons apparaitre pour la première fois la couverture de la piscine municipale.
Notons d’abord que contrairement à ce que vous affirmiez pendant la campagne électorale, notre piscine n’est pas de compétence Métropolitaine. La preuve, son financement s’inscrit dans les investissements de la ville. Vous avez donc une fois de plus leurré les Vençois.
Bien sûr, cela n’empêche pas qu’en parallèle, vous ayez désigné la couverture de la piscine de Vence comme projet de mandat à la Métropole. Et que, de ce fait, nous aurons, normalement, une participation financière de la Métropole sous forme d’un Fonds de Concours, ce qui allègera la part d’investissement restant à charge de la ville.
Mais nous restons bien sur une compétence ville. Ce qui n’est pas encore l’essentiel de mon propos.
Voyez-vous, quand j’étais adjoint aux Travaux, entre 2014 et 2017, j’ai beaucoup travaillé sur la couverture de la piscine Jean Maret, parce que le Maire de l’époque l’avait également mis à son programme.
J’ai fini par le convaincre de laisser tomber ce projet. Non pas, par rapport à son coût d’investissement. Vous êtes à 6 M€ en prévisionnel, ce sera sûrement un peu plus au final, mais il y aura des subventions et vous arriverez à le financer, tout simplement en empruntant et en continuant à augmenter la dette.
Non, le problème majeur, ce sont les coûts de fonctionnement. Et ils sont simples à appréhender. En année moyenne, hors COVID, notre piscine actuelle coûte 300 k€/an pour une ouverture pendant 4 mois. Sur 12 mois ça coute 3 fois plus, et même davantage puisqu’il faudra chauffer l’eau et traiter l’air en hiver.
Nous serons donc sur une base d’au moins 1 million d’euros par an de coût de fonctionnement (hors augmentation de l’énergie).
Un million d’euros chaque année, seulement pour la piscine. A titre de comparaison, nous donnons chaque année 440 k€ pour le CCAS. La piscine : 1 M€.
Un million d’euros par an, nous ne saurons pas raisonnablement nous le payer.
Surtout quand on voit que notre budget ne dégage aujourd’hui un excédent de fonctionnement que grâce au très haut niveau des Droits de Mutation ou par des cessions immobilières exceptionnelles. Il faut juste avoir en tête que si les Droits de Mutation étaient divisés par 2, nous n’aurions plus aucune marge de manœuvre en Fonctionnement, et bien sûr, plus aucune possibilité d’autofinancement pour nos Investissements.
Des Droits de Mutation qui de toute façon, même s’ils restaient forts, et selon la Loi de Finance 2022, engendreront pour Vence une nouvelle accélération de la baisse de la Dotation Globale de Fonctionnement et une augmentation du Fonds de péréquation, avec un effet total en 2028.
Et c’est là qu’une certaine perversité entre en jeu. Parce que la dernière tranche d’investissement pour la couverture de la piscine est prévue en 2026. C’est-à-dire que vous prévoyez le lancement de la piscine couverte à la fin de ce mandat, ce qui fera que, les premiers surcoûts de fonctionnement, le premier exercice où la piscine coutera à minima 1 million d’euros par an, ce sera sur le mandat suivant. Exactement comme vous l’aviez fait avec la Crèche de Vosgelade terminée en 2014 qui est venue grever de 500 k€/an le budget de la municipalité qui vous a succédé.
Mais entendons-nous bien, je ne viens pas discuter de l’opportunité d’avoir une piscine couverte. Ne rentrons pas dans ce débat, ce n’est pas la question que je soulève.
La question est acceptez-vous, quel que soit le temps où vous resterez Maire, de mener une gestion financière responsable dans la durée, pour les Vençois et pour les municipalités qui vous succèderont, en ne les mettant pas dans une situation délicate menant possiblement à scléroser toute marge financière sur Vence, sauf… à en venir à une augmentation des impôts.
Bien sûr que je souhaiterais comme vous que Vence ait une piscine couverte, une piscine qui puisse accueillir toute l’année les enfants de nos écoles, un club de natation sportive, un club d’aquagym… mais ce sont des usagers à qui on mettra à disposition gratuitement la piscine couverte, piscine dont le coût annuel de fonctionnement, je le redis, entrainera forcément une augmentation d’impôts pour les Vençois.
En 2016, le Maire de l’époque a su entendre raison sur ce projet. Pour ma part, je ne l’avais pas inscrit à mon programme, en connaissance de cause.
A votre tour de prendre la bonne décision pour l’avenir de Vence, au-delà de votre programme et au-delà de ce mandat.
J’en appelle à votre plus grand discernement sur ce sujet.