Extrait de l’intervention en Conseil Municipal du 15 février 2024 —
Monsieur le Maire,
Commençons par quelques commentaires sur l’année 2023. Globalement, elle n’a pas été si mauvaise ça, n’est-ce-pas ?
Vous qui nous annonciez au Conseil de décembre 2022, que nous allions avoir une année 2023 très contrainte, nous obligeant même à annuler notre Festival des Nuits du Sud…
Et moi qui, dans le même temps, vous disais que 2023 irait encore bien, et que ce serait 2024 qui serait difficile.
Eh bien, vous en déplaise, on dirait que les chiffres, inscrits dans le Rapport d’Orientations Budgétaires que nous examinons aujourd’hui, me donnent raison, même si, bien sûr, j’aurais préféré me tromper et que la ville n’entre pas dans une situation financière aussi dégradée.
Le bilan 2023
En 2023, nous constatons, tout d’abord, une épargne nette à 1,7 Millions d’euros, du même ordre que celle de 2021. Certes, le montant était supérieur en 2022, mais nous sommes tous conscients d’avoir, cette année-là, bénéficié de recettes exceptionnelles au travers des droits de mutation.
Au global, l’excédent brut est même supérieur d’un million d’euros par rapport à 2021 et la baisse de l’excédent net (-400 k€) n’est finalement dû qu’au choix d’un autofinancement intégral des investissements de l’année 2023, sans recours à l’emprunt.
Alors qu’est ce qui explique ce bon résultat ?
Et bien, principalement la forte augmentation des impôts locaux de 7,1% pour la part revenant à la ville. Des recettes supplémentaires de plus d’un million d’euros qui nous permettent donc d’avoir un bilan financier 2023 tout à fait comparable à celui de 2021, que vous aviez à l’époque qualifié d’excellent…
La « parenthèse » des Nuits du Sud 2023
Est-ce que mettre entre parenthèses le Festival des Nuits du Sud a été réellement utile ? Visiblement, non. Des dépenses en moins (-700 k€), mais aussi des recettes en moins (-580 k€), pour au final une économie globale de 120 k€ d’après les chiffres du Rapport.
Mais, au-delà des chiffres, vous aviez également justifié cette « parenthèse » pour remettre à plat tout le fonctionnement du Festival.
Vous avez même embauché un collaborateur de cabinet exprès pour ça…
Quand on sait qu’au final, vous n’avez rien remis à plat du tout, et que, pour 2024, vous avez reconduit quasiment le même marché qu’en 2022, avec en plus le même prestataire… moi j’appelle ça mentir aux Vençois !
L’endettement de la ville
Au niveau de la dette, comme je l’ai dit, vous n’avez pas fait appel à l’emprunt en 2023 pour réaliser les 4,2 M€ de dépenses d’équipements, ce qui est moins que les années précédentes, mais sans emprunt.
Cela permet de ramener la dette de la ville de Vence à 18,8 M€, soit le même niveau qu’au début de ce mandat (18,6 M€). Vous retrouvez ainsi une virginité d’endettement temporaire, avant les investissements colossaux et irresponsables que vous envisagez sur votre fin de mandat… et qui vont impacter le mandat suivant.
Une année 2024 difficile
Ce qui m’amène à parler de l’avenir et des orientations budgétaires, objet de notre débat d’aujourd’hui. Que doit-on retenir ?
Principalement que la situation financière de la ville va devenir très difficile, dès 2024.
Pas à cause des recettes de fonctionnement qui devraient se maintenir sensiblement au niveau de 2023, le retour des droits de mutation à un montant de croisière autour de 1,6 M€ (-400 k€) sera largement compensé par une nouvelle hausse de +3,9% des impôts sur Vence (+630 k€).
Aucune démarche de réduction des dépenses
Non, le problème vient plutôt d’une augmentation notable des dépenses de fonctionnement.
Vous en désignez à de nombreuses reprises le coupable idéal : l’inflation.
Evidemment, c’est un fait, l’inflation perdure encore, même si, selon les économistes, elle ne devrait pas dépasser 2,5% en 2024, alors qu’elle a été de 4,9% en 2023.
Ce qui est choquant, voyez-vous, avec cette augmentation des dépenses, c’est que vous vous contentez d’en faire un simple constat dans votre Rapport d’Orientations Budgétaires.
Vous constatez que les dépenses vont augmenter plus vite que les recettes.
Et que prévoyez-vous pour rétablir la situation économique ? Eh bien, rien. En tout cas, rien pour réduire les dépenses de fonctionnement. Pas le moindre mot dans votre Rapport.
Au contraire, vous nous dites même que vous allez encore augmenter davantage les dépenses au travers notamment des coûts de fonctionnement à venir des halles gourmandes et de la piscine municipale. Quelle stratégie financière !
Augmentation de l’imposition locale
La seule action que vous envisagez, face à cette situation, c’est d’augmenter encore et toujours l’imposition locale, en élevant à 60% la majoration de la Taxe d’Habitation des Résidences Secondaire (THRS) à partir de 2025, visiblement l’année de toutes les augmentations avec aussi le stationnement.
Avouez que c’est un effet comique que vous avez minutieusement préparé depuis plusieurs années, tant vous avez critiqué sans relâche la majoration actuelle de 40%, décidée sur le mandat précédent. Chaque année, au moment du budget, vous avez fustigé cette majoration, en duo avec votre adjointe aux Finances.
Et là, soudainement, vous y trouvez plein de vertus !
A se demander si vous avez réellement une ligne directrice de conduite pour l’avenir de Vence.
Plus aucune marge de manœuvre en fonctionnement
Alors, au bilan des recettes et des dépenses, vous envisagez une épargne nette à 185 000 euros pour 2024, c’est-à-dire quasiment rien, puisque nous étions à 1,7 Millions d’euros en 2023.
En 2025, notre épargne nette s’améliorerait à la marge, à 307 000 euros, sous l’effet de l’augmentation de la THRS. Mais comment pensez-vous financer les 700 000 euros supplémentaires de coût de fonctionnement de la piscine couverte ?
Vos chiffres montrent bien que c’est impossible !
Aucune marge de manœuvre en cas de difficulté sur notre section de fonctionnement, dès cette année.
Et malgré ça, vous vous entêtez à investir comme jamais sur cette fin de mandat, faisant entièrement reposer notre très fragile équilibre économique, sur l’obtention de subventions, qui sont pourtant loin d’être toutes actées.
Les subventions d’investissement
Soyons clair là-dessus, c’est très bien d’aller chercher des subventions.
Et d’ailleurs, heureusement que vous arrivez à en obtenir quelques-unes, vu que la diversité et les montants des aides disponibles, au niveau national et au niveau européen, n’ont jamais été aussi importants.
En fait, sur ce point-là, vous fanfaronnez régulièrement, mais en vrai, vous ne faites rien d’exceptionnel. Les Services font juste le job, comme dans toutes les Collectivités.
Par contre, nous savons très bien que les aides de la Métropole, du Département, ou de la Région, vont se rarifier de plus en plus, quand le robinet n’est pas déjà fermé, en prenant comme exemple les 2 millions du Département ou les 1,3 millions de la Région que vous comptabilisez pour la piscine et que nous ne toucherons pas…
Ainsi, dans vos prévisions, seule l’année 2024 parait réaliste avec un taux de 27 % de subventions. Mais ensuite, vous imaginez des subventions à 48 % en 2025 et à 64 % en 2026, ce qui devient totalement délirant.
Prioriser les investissements
Enfin, je vous avais dit l’année dernière qu’il fallait anticiper les difficultés à venir en 2024, en priorisant les investissements, pour ne garder que les investissements essentiels et décaler dans le temps ceux qui ne le sont pas.
Malheureusement, on ne peut que constater que vous avez fait totalement le contraire, et qu’il y a des dossiers importants que vous laissez de côté, comme la sauvegarde des biens et des personnes.
Cela fait de nombreuses années qu’il est nécessaire de protéger les Vençois habitants sous les falaises des Baous, du risque de chutes de rochers. Il fallait avoir les autorisations préfectorales. Elles ont été obtenues en 2022.
Qu’avez-vous fait en 2023 ? Rien !
En 2024 ? Vous allez peut-être lancer le marché de Maitrise d’œuvre. Puis il faudra lancer le ou les marché(s) de réalisation de travaux. Et peut-être commencerez-vous enfin les travaux en 2025, ou peut-être trouverez-vous encore une excuse pour reporter l’ensemble des 4 ans de travaux sur le mandat suivant.
Visiblement, il y a, selon vous, des choses bien plus importantes que de mettre en sécurité nos concitoyens. Comme par exemple faire une école de cuisine dans les halles gourmandes… ça, c’est votre priorité, et là vous ne perdez aucune année à rien faire… ça dépote…
Mais au final, tout cela n’est ni cohérent, ni responsable !
Le prochain mandat déjà plombé financièrement
En conclusion, la situation économique de la ville sera critique à la fin de votre mandat, avec quasiment plus aucune marge de manœuvre en épargne nette, et ce malgré l’explosion des impôts locaux ces dernières années -et encore à venir avec une augmentation de +3,9% en 2024-, mais aussi, tout en plombant d’ores et déjà financièrement le prochain mandat, en fonctionnement et en investissement.
Mais ne soyons pas étonné par vos pratiques financières, vous aviez manœuvré exactement de la même manière à la fin de votre 1er mandat, laissant déjà Vence dans une situation très difficile en 2014…
Le chantier de la halle paraît complètement en dehors des besoins et attentes des vencois.
Par contre , un aménagement d’une gare routière digne de notre ville me paraîtrait un chantier moins coûteux et plus valorisant, avec bureau de tourisme intégré.
Merci pour ce rapport très objectif et plein de bon sens. Comment peux-t’on intervenir en tant que Vençois pour éviter ces investissements irréalistes compte tenu des ressources budgétaires actuelles et sans avoir à augmenter à nouveau les taxes?
Excellent exposé.
Comment éviter la gabegie de la piscine?….