Intervention en Conseil Municipal du 14 décembre 2023 —
La natation est un sport à développer
Les vertus du Sport, de tous les Sports en général, sont unanimement reconnues, apportant notamment des bienfaits pour la santé physique et mentale, des bienfaits éducatifs, et des bienfaits sociétaux.
Et tout naturellement, la natation possède toutes ces vertus, auxquelles on doit ajouter, par rapport aux autres sports, le principe même d’apprendre à nager dès le plus jeune âge.
Une piscine très appréciée des Vençois
A Vence, nous avons la chance d’avoir une piscine municipale avec 2 bassins.
Une installation qui a plus de 50 ans et qui est aujourd’hui en manquement à plusieurs règlementations et normes en vigueur, dont le dimensionnement des vestiaires et des douches, et bien sûr l’accessibilité pour tous.
Une installation vétuste qui perd beaucoup d’eau, nous en avons déjà parlé à plusieurs reprises en Conseil Municipal, et nous en reparlerons encore si rien n’est fait d’ici l’été prochain.
Mais surtout, nous avons une piscine municipale particulièrement appréciée par les Vençois, en premier lieu pour le site d’exception sur lequel elle est construite, avec une vue dégagée vers la mer.
Notre piscine Jean Maret est inscrite dans la mémoire collective des Vençois de plusieurs générations :
– chez tous ceux qui comme moi, ont appris à nager dans cette piscine, principalement en période scolaire, en septembre ou au printemps, puisque la piscine n’a jamais été ouverte à l’année ;
– chez tous ceux qui comme moi ont passé, adolescents, de nombreuses journées d’été à la piscine, en groupes d’amis, bracelet rouge du vestiaire au poignet, installés sur les espaces verts surplombant les bassins, en se rafraichissant d’une glace à l’eau achetée sur place ;
– chez tous ceux qui comme moi, ont, chaque fois qu’ils retournent à la piscine municipale de Vence, cet effet « madeleine de Proust » qui les replonge en enfance.
Mon premier message est simple : la prise en compte de l’attachement des Vençois à leur piscine est incontournable, quels que soient les travaux à venir sur ce site. Autrement dit, rien ne doit se faire sans associer les Vençois à l’élaboration du projet.
Tous d’accord pour la rénovation et la couverture de notre piscine
Sur cette base, la rénovation de notre piscine municipale est indispensable et urgente. Nous vous le disons depuis plusieurs mois, en lien notamment avec les trop nombreuses fuites et le gaspillage de milliers de mètres cubes en pleine restriction de consommation d’eau.
Au-delà de la rénovation, la possibilité d’avoir une piscine couverte, ouverte à l’année, serait bien évidemment un plus pour notre ville, notamment pour y accueillir les scolaires, collégiens et lycéens, mais aussi pour développer de nouvelles activités associatives à destination du grand public, des nageurs-sportifs, des bébés nageurs, des séniors, des personnes en situation d’handicap…etc.
Nous sommes bien d’accord.
De fausses annonces aux Vençois
MAIS, parce qu’il y a un mais, il y a des réalités économiques et écologiques qui s’imposent à nous, en opposition à un « quoi qu’il en coûte » ou à un « après moi le déluge » qui caractérisent vos décisions depuis le début de ce mandat.
Car, NON M. Lebigre, les piscines municipales ne sont pas une compétence Métropolitaine, comme vous l’avez assuré aux Vençois au moment des élections.
NON, ce n’est pas la Métropole qui va tout financer, elle apporte juste une subvention à l’investissement, rien pour les coûts de fonctionnement futurs.
NON, ce n’est pas un projet intercommunal que vous envisagez, mais un projet venço-vençois puisque on ne tient même pas compte de la population des communes voisines qui n’ont pas de piscine municipale.
Une piscine sous-dimensionnée
C’est d’ailleurs l’un des paradoxes de l’étude de programmation que nous examinons aujourd’hui.
Cette étude constate la carence des communes voisines en matière de piscine couverte – Tourrettes, Saint-Jeannet, La Gaude, Gattières…etc-, définissant ainsi une sorte de zone de chalandise pour la fréquentation de notre piscine.
Mais, en fait, l’étude ne dimensionne la piscine que pour Vence et que pour nos besoins actuels, avec même l’utilisation d’un ratio plutôt faible de m² de plan d’eau par habitant.
Or, le bon sens voudrait qu’une rénovation de tout le site avec couverture de la piscine, se réfléchisse pour un dimensionnement à horizon 30 ou 40 ans avec la possibilité d’accueillir les nageurs et les scolaires des communes voisines.
Du bon sens qui est évident quand on raisonne en termes de préservation de notre planète. Car dans le cadre d’une sobriété énergétique générale et d’une préservation globale des ressources en eau, il est inconcevable que chaque commune ait un jour sa propre piscine municipale.
Il est donc primordial de préconiser une approche intercommunale à l’échelle d’un bassin de vie, pour mutualiser les moyens, les équipements et les consommations en eau et en énergie.
C’est pourquoi, notre première remarque sur l’étude de programmation est que, pour un investissement prévisionnel de 7,8 millions d’euros – ce qui est énorme !-, nous ne pouvons pas avoir une piscine couverte sous-dimensionnée dès sa mise en service.
Des estimations financières incohérentes
La seconde remarque concerne les montants financiers estimatifs, en investissement et en fonctionnement, qui nous paraissent incohérents dans l’étude réalisée.
Nous savons tous qu’une piscine municipale est un Service Public structurellement en déficit. C’est comme ça, et c’est acceptable, tant que nous ne dépassons pas certaines limites.
Ces derniers temps, la hausse des coûts de fonctionnement, en masse salariale, en énergie et en produits de traitement, est venue alourdir davantage ce déficit, à tel point que des communes ont été obligées de fermer leur piscine municipale l’été dernier.
Sur la base de ce constat, les coûts annuels de fonctionnement donnés par l’étude de programmation nous semblent largement sous-dimensionnés.
Or, il ne s’agit pas de s’aventurer en aveugle en investissant massivement sur une installation que nous n’arriverons pas à exploiter sans augmenter les impôts locaux.
Rien qu’au niveau énergétique, une piscine couverte consomme en moyenne 3 000 kWh/m² de plan d’eau.
A titre comparatif, une habitation est classée G en matière énergétique (le pire), et sera bientôt interdite à la location, si elle atteint 420 kWh/m². C’est dire le coté énergivore d’une piscine. Alors, ne faisons pas n’importe quoi !
Aujourd’hui, toute installation de ce genre, autant consommatrice d’énergie, doit tendre vers un concept de bâtiment à énergie positive, avec la mobilisation de plusieurs énergies renouvelables, comme le solaire ou la géothermie, ou encore des dispositifs de récupération d’énergie, de type degrés bleus. Mais ce sont parfois des investissements initiaux lourds, avec un temps de retour sur investissements long.
Quoi qu’il en soit, rien de tout cela n’apparait dans l’étude de programmation.
Venons-en à l’investissement prévisionnel, indiqué à 7,8 millions d’euros. Vous nous présentez dans la délibération un plan de financement, avec 3 très grosses subventions :
– la métropole : 1 600 000 euros. Cette subvention semble acquise, quoi que…
– le département : 1 950 000 euros. Cela correspond à 30% du coût HT de l’opération, c’est-à-dire le pourcentage maximum des subventions départementales possibles, qui sont réglementairement entre 10 et 30% pour Vence. Sachant que toutes les instances territoriales sont en tension financière, vous nous présentez donc le cas idéal…
– enfin la Région : 1 300 000 euros, soit 20 % du coût HT de l’opération. Ce qui là nous parait totalement illusoire. Le seul dispositif Régional dont nous pouvons être à peu près sûr s’appelle « Nos communes d’abord » et il est plafonné à 200 000 euros…
Alors, si on y rajoute le Fonds de récupération de la TVA (484 k€), le reste à financer par la ville serait, selon vous, en prévisionnel, de 2,5 millions d’euros.
Que se passe-t-il si la Région ne participe pas ?
Que se passe-t-il si le Département n’accompagne pas le projet à hauteur de 30 % mais seulement à hauteur de 15%, comme il l’a fait pour la rénovation de la piscine de La Colle sur Loup ?
Accepterez-vous que le reste à financer par la ville s’élèvent à 4 ou 5 millions d’euros, sans remettre en cause le projet ?
Monsieur le Maire, nous voudrions vous entendre à ce sujet.
Un boulet financier sur le prochain mandat
Troisième point : le planning prévisionnel de l’opération.
Alors là, c’est une vraie tartufferie que vous nous faite. Vous nous avez seriné pendant le dernier Conseil Municipal sur le fait que vous finiriez ce mandat avec un montant d’endettement de seulement 1 à 2 millions d’euros de plus qu’à votre prise de fonction.
Pas étonnant… en faisant supporter l’investissement de la couverture de la piscine par le mandat suivant, avec dans le planning, une date de début des travaux envisagée en décembre 2025 !
En fait, juste de quoi obérer d’entrée les capacités financières du prochain mandat !!! De qui se moque-t-on ?
Sans parler des coûts de fonctionnement futurs qui seront bien évidemment dans le prochain mandat…
Où est le référendum promis aux Vençois
Enfin, dernier point que j’aborderais aujourd’hui.
Vous vous appuyez continuellement sur votre programme comme substitue à tout bon sens, à tout appel à la raison d’un monde qui a pourtant considérablement évolué depuis 4 ans. Dois-je rappeler la crise sanitaire, les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient, l’explosion du coût de l’énergie, l’accélération du réchauffement climatique, l’inflation…etc.
Vous faite référence à votre programme, mais vous en avez une mémoire très sélective. Vous nous parlez continuellement des mêmes choses, mais jamais de vos promesses de Gouvernance.
Et bien je vais vous rafraîchir la mémoire, vous qui tenez coute que coute à réaliser votre programme.
Vous avez écrit en gras, page 4, sous le titre « Gouvernance », je cite :
« Chaque projet important sera précédé d’une concertation réelle et soutenue, suivi d’un référendum ».
Avez-vous appliqué votre programme de gouvernance pour les Halles ?
Allez-vous l’appliquer pour la piscine ?
Ou bien reconnaissez-vous que vous avez raconté des carabistouilles aux Vençois, juste parce que vous trouviez que ça faisait bien d’écrire ça ?
Je vous l’ai dit en première partie de mon intervention : il est indispensable que les Vençois soient associés à ce projet.
Nécessité de compléter l’étude avant de passer au concours de Maitrise d’Oeuvre
Pour conclure, sur la délibération mise au vote aujourd’hui, nous sommes d’accord avec vous sur les bienfaits de la natation pour tous et nous sommes favorables à une piscine couverte sur Vence apportant des possibilités de nouvelles activités aquatiques. Ce point est important et nous tenons à l’acter.
UNE PISCINE COUVERTE OUI. Mais pas à n’importe quel prix.
En particulier, nous ne sommes pas favorables à la portabilité par la seule ville de Vence de ce projet qui doit être intercommunal -ce qui est différent de Métropolitain-.
Et nous avons de gros doutes sur le plan de financement de l’investissement et sur les coûts de fonctionnement futurs présentés dans l’étude de programmation.
Une étude que nous souhaitons avoir dans sa version intégrale. Je vous l’ai demandé en Commission préparatoire, vous m’avez dit « Non ! ».
Je vous le redemande aujourd’hui officiellement, et je saisirai la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA) si besoin. Il est scandaleux de nous faire voter la validation d’une étude que nous n’avons même pas !
En l’état des informations qui nous sont transmises aujourd’hui et avec une volonté de gestion responsable des deniers publics, nous vous demandons que cette étude soit complétée par l’examen d’une solution supplémentaire.
Un scénario 4 qui se déroulerait en deux phases :
– Phase 1 : la démolition/reconstruction des annexes et la rénovation des bassins. C’est-à-dire la réalisation des travaux réglementaires et d’urgence, en tenant compte des besoins des communes voisines. Cette première phase aurait l’avantage d’être plus rapide et surtout de maintenir, voire même de diminuer les coûts de fonctionnement actuels, par une meilleure organisation du site et une réduction de la profondeur du grand bassin.
– Phase 2 : la réalisation de la couverture de la piscine, accompagnée de plusieurs solutions de production d’énergie renouvelable adaptées, afin d’optimiser les futurs coûts de fonctionnement d’une piscine couverte ouverte à l’année.
Sans ce complément d’étude qui traduit bien notre volonté d’aller vers une couverture de la piscine, il est aujourd’hui prématuré de lancer un concours de Maitrise d’Œuvre.
L’objet de la délibération étant justement le lancement de ce concours, nous voterons Contre.
Au-delà de ça, et comme dit précédemment, nous souhaitons connaitre, M. le Maire, vos limites d’acceptabilité financière de l’opération selon les subventions qui seront réellement obtenues, ainsi que votre position quant à l’organisation d’un référendum sur la piscine et sur les Halles conformément à vos promesses de programme.
Réponses du Maire :
Non au complément d’étude
Non aux limites financières
Non au référendum
Bien d’accord avec vous. Soyez ferme !
Votre position semble cohérente. Tous ces millions envisagés sachant qu’un projet coûte toujours plus cher que prévu et que les subventions non certaines peuvent être considérées comme certainement manquantes… L’inter-communalité paraît une bonne idée, mais est-ce que les dites communes sont intéressées? À quelle hauteur d’engagement? Un référendum des vençois, très bonne idée, pour un tel niveau de dépenses! Merci pour votre travail dans tous les cas!
Dans la précédente mandature, tu avais piloté le projet de centre nautique, projet qui avait été abandonné à cause des coûts d’investissement et de fonctionnement.
Pourquoi ne pas s’appuyer sur ce projet et trouver une solution moins grandiose, acceptable pour les finances communales ?
Tout a fait d’accord avec votre analyse
Trop lourd en l’état.